W.A Mozart / Franck Krawczyk
È Cosi !
Saison culturelle du Domaine départemental du château de Montmaur. Renseignement et réservation www.cedra.hautes-alpes.fr
Opéra de chambre et musique de création
L’opéra, c’est jeune, c’est beau, c’est émouvant et c’est joyeux. On ouvre grand les yeux et les oreilles, on se laisse emporter dans une histoire vieille comme le monde, coquine et belle comme l’amour, dans une vive cavalcade mozartienne format de poche, servie par de jeunes chanteurs, comédiens-nés et une femme- orchestre au piano.
Elles sont toutes comme ça !
« Ouverte à un public éloigné de l’opéra, cette version, affranchie de tous les codes, offre aussi aux connaisseurs l’occasion d’entendre autrement l’œuvre de Mozart. » C’est ainsi que Plein Jour, l’association qui imagine des projets jubilatoires avec la complicité du génial musicien Franck Krawczyk présente ce remake attendrissant et endiablé.
Six chanteurs et une pianiste, habillés comme tous les jours, dialoguent en français, chantent en italien et réinventent librement le fameux opéra bouffe de Mozart tournicotant autour du désir féminin et vraisemblablement du désir en général… Que veulent-elles, que veulent-ils ? Le sujet est fort d’actualité.
Joyeuse et grinçante comédie napolitaine : dans une taverne, deux jeunes officiers, Guglielmo et Ferrando, discutent avec leur vieil ami Don Alfonso. Ils ne doutent pas un instant de la fidélité de leurs fiancées, Fiordiligi et Dorabella, et acceptent de les mettre à l’épreuve. Danger ! On connaît la suite, de ruses en stratagèmes, elles finiront par céder aux avances des deux étrangers et voilà les fiancés bien désappointés. Il faudra bien en convenir et accepter les choses telles qu’elles sont : È così ! Et tout finira bien, dans une joyeuse lucidité.
Franck Krawczyk a su tirer de nombreux enseignements de sa fréquentation de Peter Brook (avec qui il avait monté « Une flûte enchantée »), notamment comment on peut respecter une œuvre tout en la réinvestissant en totale liberté. Ici le livret de Da Ponte est raccourci, simplifié, actualisé à tel point que les chanteurs semblent jouer leur propre rôle de jeunes adultes du XXIe siècle et vivre toutes les tribulations que traverse cette génération dans la confusion des sentiments…
Ce qui pourrait passer pour une trahison, voire une castration, se révèle respectueux, aimant, animant au sens propre d’insuffler de l’âme. Voici l’éternelle jeunesse de Mozart, éloignée d’une vénération de puristes muséifiants. Rappelons-nous le mythe de Thiton : la déesse titanide de l’Aurore, Eos, en avait fait son amant et réclama pour lui auprès de Zeus l’immortalité. Distraite, elle oublie de demander en corollaire une éternelle jeunesse. Thiton vieillit, vieillit, se racornit au fil des temps, sans jamais pouvoir mourir et finit, misérable, par être abandonné par la déesse…
Production : Plein Jour
Distribution
Margaux Poguet, Fiordiligi (soprano)
Morgane Kypriotti, Despina (soprano)
Lise Nougier, Dorabella (mezzo-soprano)
Sahy Ratianarinaivo, Ferrando (ténor)
Antoine Bretonnière, Don Alfonso (baryton)
Adrien Fournaison, Guglielmo (baryton-basse)
Vjola Paço, pianiste