Noémi Boutin & Quatuor Béla
Quintette, pour ombres et violoncelle
Musique classique et d’aujourd’hui
On évoque souvent un « dialogue avec les étoiles » en parlant du Quintette en ut de Schubert ? Le quatuor Béla et Noémi Boutin ont interpellé le compositeur franco-argentin Daniel d’Adamo pour sublimer ce chef d’œuvre de la musique de chambre. L’émotion, les élans et la retenue, le pressentiment de la mort prochaine, transparaissent dans l’œuvre et son écrin.
Le Quintette en ut, écrit pour quintet à cordes (quatuor à cordes avec second violoncelle), est peut-être la dernière œuvre de Schubert, achevée quelques jours avant sa disparition. Créée plus de 22 ans après la mort du compositeur emporté à 31 ans par le typhus, elle révèle une musique particulièrement poignante, libérée de toute contingence, visionnaire et prémonitoire.
Le quatuor Bèla, poussé par le désir de jouer avec la lumineuse violoncelliste Noémi Boutin, rêvait d’un écrin sombre, pétri d’ombres, de reflets, un crépusculaire préambule au quintette de Schubert. Et pour frôler l’idée de la jeune fille et de la mort, l’imaginait en Ophélie, la triste amante délaissée d’Hamlet, ou en Perséphone, se penchant au-dessus du gouffre pour cueillir le capiteux narcisse d’Hadès.
Eux seraient cachés, pour figurer les fantômes du Royaume souterrain.
Daniel d’Adamo, compositeur franco-argentin au CV chargé de distinctions et autres faits d’armes et de gloire, relève le défi, intègre ces contraintes et enchâsse Schubert dans les filets délicats d’une dramaturgie en miroir, en échos, quitte à malmener l’ordre des mouvements de la pièce. Sur vestiges adopte une disposition scénique particulière où la violoncelliste est au centre, apparemment, tristement ou insolemment seule, les quatre Bèla effacés en fond de scène.
« Le quatuor qui double le violoncelle, établit un double rapport avec celui-ci et, à la distance, avec son double schubertien. L’écriture de la pièce trouve alors son origine à l’intérieur même de cette configuration spatiale particulière où, à la manière des poupées russes, ses acteurs s’enlacent en même temps qu’ils se poursuivent, se confrontent, se harcèlent », confie le compositeur.
Échos, ripostes, jeux des doubles, par les effets des cordes : chuchotements, glissandi, sifflements, rebonds, poétique, la musique se révèle, nue, intense et majestueuse. « Le réel est ce qui reste quand les fantasmagories se dissipent », écrit le philosophe Clément Rosset.
Ces concerts sont soutenus par Musique Nouvelle en Liberté.
Ce spectacle est une création La Belle Saison en coproduction avec l’association l’Oreille Droite / Quatuor Béla et avec le soutien de la Ville de Coulommiers. L’Association L’Oreille Droite a reçu pour ce projet, le soutien de la Compagnie Frotter | Frapper (Noémi Boutin), et bénéficie de l’aide au projet de la Région Auvergne-Rhône- Alpes, du soutien de la SPEDIDAM, de ProQuartet, de l’accueil du CNSMD de Lyon, et du soutien en résidence du Cube-Studio Théâtre d’Hérisson.