
FRANÇOISE ATLAN & EN CHORDAIS
Aman Séfarad
Interprète reconnue des musiques séfarades et arabo-andalouses, Françoise Atlan, dont la culture judéo-berbère se double d’une solide formation classique, fait vivre comme nulle autre un héritage qu’elle ne cesse d’explorer et de revisiter. Avec l’ensemble En Chordais, elle interprète un répertoire spécifiquement inspiré de Salonique et d’Istanbul et donne, de ces romances, coplas et autres kantigas qui accompagnèrent la vie quotidienne de ces communautés juives en exil, une interprétation vibrante et radieuse. Magistral et inoubliable.
Le peintre Miguel Barcelo, très engagé dans la préservation du patrimoine majorcain, raconte un des événements qui l’ont le plus bouleversé : en participant à des fouilles qui mettaient à jour des logis jadis habités au quinzième siècle par ceux qui allaient devenir des errants, il a remarqué que les disparus n’avaient pas emporté la clef de leur demeure, comme si ce départ, pour absurde qu’il fut, ne pouvait être que provisoire. Tout était resté en place, on avait emporté à peine plus que ce que l’on emporte pour un pique-nique ou pour une courte villégiature. Et puis on n’avait pas à se méfier des voisins qui en outre éloigneraient les voleurs. Vaine confiance en la sagesse humaine (!) pourtant sur cette terre andalouse tout se partageait depuis longtemps entre communautés. Françoise Atlan, qui a comme plusieurs vies, chante le répertoire des Séfarades depuis des centaines d’années. Entourée de l’ensemble grec En Chordais, réputé pour ses recherches sur l’héritage musical méditerranéen oriental, elle déplace son champ de gravité et se penche vers les communautés juives d’Istanbul et de sa sœur Salonique, et chante quelques variantes de sa langue maternelle, la nostalgie et la vie.