Mazhar
En résidence du 17 au 21 juin à la Salle de la Tour à La Bâtie-Neuve
Sortie de résidence le 20 juin, 18h
Guidé par le raisonnement des cordes du Oud de Sarah Procissi, des tambours qui chantent sous les doigts de Julie Lobato et accompagné par sa voix qui danse entre les notes, les deux artistes nous emmènent découvrir les musiques et transes du Levant. À travers leur projet rempli de rythmes-territoire, les langues sont d’abord poésie, les chants témoignages d’humanité, et l’improvisation une chance de se laisser traverser par la beauté du monde.
Note d’intention
Mazhar en arabe, c’est l’eau de fleur d’oranger. C’est aussi un tambour à sonnailles, précis et puissant, profond et clinquant. C’est une apparition, un bouquet qui s’épanouit, c’est la surprise d’une greffe florissante, lorsque nos troncs enracinés en territoires familiers reçoivent les boutures offertes par les musiciens des terres d’accueil.
Mazhar ce sont deux femmes musiciennes, deux femmes libres d’arpenter le monde, d’en étudier les traditions musicales, deux femmes qui prennent la parole pour raconter la porosité des cultures, et celle de leurs identités multiples. Nous mettons en musique l’éprouvé de nos voyages, de nos rencontres, nous partageons les fruits de nos expériences botaniques.
Mazhar c’est l’amertume de la bigarade et la délicatesse des fleurs de l’oranger, c’est la musique chamarrée aux parfums de l’Anatolie, du levant syrien, de la Méditerranée, c’est la saveur des langues turques, kurdes et grecques.
Pour Mazhar, nous avons choisi une forme ancestrale – luth, percussion et voix – et un son acoustique , comme contraintes esthétiques. Nous avons travaillé à partir de musiques transmises par les musiciens traditionnels qui nous ont formés, de maître à élève.
Nous avons mis en commun ces répertoires qui ont constitué notre terreau musical et nous avons cherché à résoudre ces questions:
Qui sommes-nous lorsque nous jouons cette musique ? Quel jardin peut-on cultiver dans les contours que nous avons choisis? C’est ainsi que nous avons agrémenté notre jeu d’objets insolites, théières, valises, coquillages, à la recherche de sonorités qui nous ressemblent. Nous avons invité Gabriel Fauré pour son romantisme et le frondeur Nazim Hikmet dont nous disons des poèmes.
Il nous importe de faire vivre ces musiques du Levant à travers le prisme de nos tempéraments musicaux qui sont faits des ronces épineuses du Métal, de rocailleux roulements de tambour, d’expérimentations sonores saxifrages, du lyrisme des merles et de la malice des pies. Nous abordons les répertoires avec une approche féministe des traditions, nous attachons de l’importance à comprendre qui sont les voix qui narrent les histoires, et souhaitons encourager la voix des femmes au dehors de l’intime, oser le cri, rythmer la berceuse, raconter leur puissance et l’incarner aussi.
En tant que poètes, nous avons la certitude que la beauté du monde réside dans la relation, et dans l’imaginaire des représentations qu’il nous inspire, dans la conscience qu’il se transforme partout et tout le temps. Mazhar c’est le son du frôlement de l’Autre.