Perrine Bourel
Des montagnes
Musique traditionnelle et d’aujourd’hui
Perrine Bourel est une globe-trotteuse de la musique. Elle jette des ponts entre les montagnes et dessine des spirales autour du rigaudon. À partir de cette danse traditionnelle, qui tourne en rond jusqu’à la transe, elle file une toile qui relie la tradition musicale rurale à l’expérimentation la plus contemporaine et réconcilie dans un même archet des pratiques musicales souvent antagonistes.
Malgré ce que son nom pourrait évoquer d’auvergnat, Perrine Bourel est la maîtresse du rigaudon, tombée amoureuse il y a une vingtaine d’années de « ces sons qui [la] bouleversent ». Il lui faut toute une année dans la ferme de Michel Favre, fermier-violoneux, pour s’immerger, se familiariser et surtout « désapprendre la musique de violon ».
Une catharsis qui trempe encore, s’il le fallait, son tempérament et la conduit sur des chemins singuliers au cœur des montagnes. Entre temps elle voyage à travers la France profonde et rurale et en Irlande. À présent, elle se dit « violoneuse », avec la fierté d’une initiée.
Le rigaudon, étymologiquement « danser en rond pour être heureux », est une danse d’origine provençale attestée dès le XVIIe, essaimant géographiquement (Dauphiné, Québec) et socialement (du domaine populaire à l’aristocratie et vice versa). Son caractère festif ne l’empêche pas lui-même de tourner en rond : répétitive, hypnotique, cette musique peut conduire à la transe.
En 2013, Perrine Bourel a rencontré les musiciens et plasticiens du collectif La Nòvia, réunion de personnalités issues du folklore ou de l’underground et des nouvelles musiques improvisées. Ils se revendiquent de l’étiquette un brin ironique de « musiques traditionnelles de France ». Car comme le note Sylvain Quément dans Chronic’art: « Dans l’inconscient collectif français, il y a un trou. Folkflores et musiques dites traditionnelles, sujet tabou, grand impensé médiatico-intellectuel (…). Folklore: mot maudit, marqué au fer rouge, associé à jamais aux sabots, à la poussière muséale et à la petite chose typique. Une hérésie bien française, alors que partout ailleurs, le mot réfère non à des styles, mais à des fonctions musicales ».
C’est tout un univers nouveau qui s’ouvre en le frottant naturellement à la musique contemporaine et expérimentale. « Du trad version troisième millénaire » (Laurent Carpentier dans Le Monde).
« Collaborer avec des artistes d’horizon divers dévoile des facettes qui élargissent mes jeux, ma pratique et mes conceptions. Aujourd’hui, mes recherches s’orientent vers des expérimentations sonores, où mon violon est un médium d’exploration qui dépasse le champ des musiques ».
Installée dans les Hautes-Alpes, son nouveau terrain de jeu est cet espace où se conjuguent hautes traditions, création, méditation, radicalité et envol. Le collectage, l’instrument comme matière sonore « Des montagnes », à travers un répertoire de musiques traditionnelles des Hautes-Alpes, de pièces de compositeurs contemporains (Terry Riley, Guilhem Lacroux, Yann Gourdon…) et des compositions.
Ces concerts sont soutenus par Musique Nouvelle en Liberté.