Exposition Fragments / Fractions – Vernissage
Regard sur la 20ème saison du festival de Chaillol par Alexandre Chevillard
Fragments / Fractions. Regard sur la 20ème saison du festival de Chaillol par Alexandre Chevillard
22 photographies prises pendant la 20ème saison de l’Espace Culturel de Chaillol exposées au Musée muséum départemental des Hautes-Alpes à Gap dans le cadre de l’exposition Sentinelles culturelles, organisée par le Musée.
Il est des rencontres déterminantes, en ce qu’elles contribuent à façonner, presque secrètement, le cours attendu des choses… J’ai rencontré Alexandre Chevillard durant l’été 2006, à Paris, dans une petite galerie informelle qui accueillait une exposition improvisée du collectif Klups. Je ne me souviens presque plus de ce que j’y ai vu, ni de ce qui m’a décidé à m’y rendre, sinon un tract photocopié, hâtivement glissée dans ma poche que je n’avais pas su refuser à la jeune femme qui me l’avait tendu, la veille, au sortir du Musée Européen de la Photographie. Mais j’ai encore en mémoire les deux photos qui m’ont véritablement ouvert les yeux sur ce que le talent et la sensibilité d’un photographe pouvait faire entendre de la musique : un cliché saisissant du contrebassiste de jazz Dave Holland, capté dans un de ces moments d’intensité où la musique s’empare du corps du musicien comme en une transe, et un geste suspendu, sublime, plein d’une grâce fragile, d’un des danseurs de la chorégraphe de Pina Bausch lors d’une des représentations de Rough Cut au Théâtre de la Ville… Quelques mots échangés avec Alexandre, où déjà point le désir d’aller plus loin et l’intuition que l’aventure pourrait être belle, un coup de téléphone ouvrant sur une première et fragile collaboration, comme on invite à un premier rendez-vous, nous ont ouvert des perspectives d’une richesse artistique et humaine qu’aucun de nous deux n’aurait pu soupçonner. Dix ans plus tard, le travail photographique d’Alexandre Chevillard est devenu indissociable de l’identité du Festival de Chaillol et accompagne en les magnifiant l’ensemble des publications de l’Espace Culturel de Chaillol. Sur chaque image, pleine d’une attention amoureuse aux travail des artistes, d’une sensibilité à ce qui se joue sur scène autant que dans la salle, à l’écoute des résonances particulières d’un lieu, modeste chapelle de montagne ou patrimoine remarquable du territoire haut-alpin, la magie se reproduit. Et chacun de recevoir la beauté fulgurante de ce qui advient lorsque la musique s’incarne et traverse chacun, artiste ou spectateur. Je suis heureux que le Musée muséum départemental ait décidé de consacrer une exposition à cet artiste talentueux, fidèle compagnon de route dont le travail a si justement éclairé notre chemin.
Michael Dian