Yves Rousseau
Contrebasse
Yves Rousseau est né en 1961. Des parents mélomanes, une grand-mère pianiste, un cousin contrebassiste de jazz: les portes vers une carrière de jazzman ne sont ni grand ouvertes ni verrouillées.
Il aime Schubert, Armstrong, Bach, Ferré, Leforestier et découvre avec enthousiasme la pop musique des années 70. Une incursion d’enfance vers la guitare classique laisse peu de traces. Après le bac, il s’inscrit aux Langues O pour apprendre le chinois. Et parallèlement au CIM, la grande école de jazz des années 80, où il amène sa première contrebasse. Il a écouté les musiciens français de l’époque (Michel Roques, Georges Arvanitas, Patrice Caratini) et se frotte au hard bop. Mais sérieux, il s’attelle à la contrebasse classique et suit les cours du patron, Jacques Cazauran au Conservatoire de Versailles.
Sa carrière commence, presque à contre-courant: il traîne un peu sur les scènes nocturnes et fait le boeuf au Petit Opportun comme tous ceux de sa génération, mais comprend vite que ça ne lui suffira pas.
Il s’embarque donc dans des projets atypiques. Le trio A Boum (vibraphone, contrebasse, batterie) avec lequel il remporte le Concours de La Défense en 1989. Puis Archimusic, étonnant octet de quatre improvisateurs de jazz et quatre musiciens classiques.
Le temps est venu d’être leader: Yves Rousseau monte Fées et Gestes, son premier quartet, là encore assez singulier: saxophone alto, violon, contrebasse et batterie: quatre CD, tous primés par un Choc dans la presse spécialisée.
Il écrit sur des textes (Ferré, et plus tard Louise Labbé avec le Choeur Mikrokosmos). Puis c’est le septet Wanderer qui se souvient de Schubert, le duo Continuum avec Jean-Marc Larché, saxophoniste à la double culture, jazz et classique, et le quintet qui crée Murmures, sur des poèmes de François Cheng.
Toujours très proche de sa contrebasse, c’est par la composition que se réalise aussi le parcours d’Yves Rousseau, et dans des climats divers: frôlant la musique balkanique, ou turque (en 2009 pour l’inauguration de l’année de la Turquie), reprenant l’univers de Jacques Tati, penchant vers la musique de scène (avec la compagnie Passeurs de mémoire), s’adjoignant des voix très singulières (Claudia Solal, Jeanne Added), précipitant la flute peule de Oua-Anou Diarra dans l’Orchestre Régional de Normandie.
Pendant 6 ans il programme un festival à Flamanville, puis participe à la programmation d’un autre, les Arches en Jazz, toujours en Normandie…
Fragments est créé en 2020: aucune reprise mais des réminiscences de la musique pop qui a bercé son adolescence (King Crimson ou Genesis), avec un nouvel orchestre, qui met notamment en lumière le clavieriste Étienne Manchon.
Denier projet en date, Shabda, avec Géraldine Laurent et Jean-Charles Richard aux saxophones, Clément Janinet au violon, en plus de quelques proches, Jean-Marc Larché et le batteur Christophe Marguet.
Sans provocation, mais se gardant bien des modes, Yves Rousseau continue son parcours de défricheur téméraire et hors-norme, avec sa chère contrebasse, au son détendu, profond, très acoustique. Elle a 5 cordes depuis quelques années (la supplémentaire est dans le grave).
Un solo ? Il est sur les rails… pour convier le public, l’autre, à entrer dans l’intimité risquée, sensuelle, presque toujours sans témoin, d’un musicien en dialogue avec son instrument.