Chango Spasiuk
Accordéon
Horacio « Chango » Spasiuk est né en septembre 1968 à Apóstoles, dans la province de Misiones, située à l’extrême nord-ouest de l’ Argentine, entre le Paraguay et le Brésil. Enclave singulière au climat sub-tropical et à la terre rouge intense et fertile où se cultive le maté, elle est un territoire de métissages. Jusqu’au 17e siècle, cette région est peuplée par les indiens Guarani. Elle est connue par les espagnols en 1541, et l’arrivée des jésuites en 1609 va bouleverser la culture indienne.
Vers 1881, l’Argentine ouvre alors ses frontières et Misiones se peuple de colons européens essentiellement d’origine allemande, russe, ukrainienne, polonaise, scandinave et d’Europe Centrale qui créent des villages, se mélangeant aux autochtones restants. Ils apportent avec eux leurs accordéons et leur polka.
De la rencontre entre monde indigène et le vieux continent nait alors le chamamé. Musique traditionnelle et rurale, le chamamé est joué par des groupes de 2 à 5 musiciens, intégrant l’accordéon ou le bandonéon, le violon, la guitare, le cajon et parfois la contrebasse. Souvent dénigrées, les musiques qui appartiennent au folklore argentin sont pourtant nombreuses et particulièrement riches.
Quelques très grands artistes ont été ou sont encore de fervents défenseurs de cette diversité en la faisant connaître dans leur pays et dans le monde entier. Chango Spasiuk est l’un d’entre eux ; il est incontestablement le maître du chamamé, connu de tous en Amérique du sud, le mêlant habilement aux autres rythmes de cette région de l’Argentine (polkas, chotis…).
Petit-fils de migrants ukrainiens, il a très tôt baigné dans les influences musicales de l’Europe de l’Est mélangées au chamamé ; en effet, son père violoniste et son frère guitariste et chanteur animaient mariages et autres bals de sa petite ville d’origine. À 12 ans, il reçoit de ses parents son premier accordéon. « J’ai appris l’accordéon loin des conservatoires », confie-t-il. « Quand mon père m’a offert mon premier instrument, je ne l’ai plus lâché ». Reconnu très tôt comme un virtuose, Chango Spasiuk aurait pu se contenter d’animer les bals du week-end et il aurait très bien gagné sa vie. Il a préféré, sans jamais renier la tradition, repousser les frontières du genre. Aujourd’hui, les stars du rock argentin l’invitent régulièrement, et il se produit dans le monde entier après avoir vaincu le préjugé qui associe l’Argentine au seul tango.
Chango Spasiuk a joué dans de nombreux pays européens (Royaume-Uni, Espagne, Allemagne, Pologne, Autriche, Belgique, France…) mais également en Asie et aux Etats-Unis, passant de théâtres en festivals de musiques traditionnelles, du monde et de jazz. Il a été largement remarqué lors de ses concerts au festival de jazz de Montréal ou à New-York. Il a collaboré avec des artistes aussi divers que le Kronos Quartet, Cyro Batista, Kepa Junkera, Carlos Nuñez, Lila Downs, Bob Telson, Bobby Mc Ferrin, Raul Barboza, Mercedes Sosa… A chacun des ses concerts, le public, les professionnels et la presse sont conquis, découvrant une immense personnalité artistique et humaine, un musicien jouissant d’une liberté artistique totale et livrant une musique transcendant ses propres frontières, imposant une universalité totale. Au cours des 20 dernières années il a enregistré une 10aine de disques sous son nom. Le dernier, sorti en 2014, a été enregistré en live au « Teatro Colon » à Buenos Aires (le célèbre opéra de la capitale argentine) en octobre 2013, devant une salle comble de 3500 spectateurs. Aujourd’hui plus que jamais, Chango Spasiuk souhaite développer sa carrière à l’international pour faire davantage connaître et partager cette musique qu’il incarne avec modernité, innovation et exigence.