
Emmanuelle Da Costa
Les Visages de la Création
Mystérieuse, fascinante, parfois déroutante, la création musicale est aussi un artisanat, le geste quotidien de femmes et d’hommes qui habitent le même monde que nous, qu’ils interrogent et contribuent à façonner. L’Espace Culturel de Chaillol leur donne la parole !
TROIS QUESTIONS À Emmanuelle Da Costa, compositrice associée au Quatuor Lysis
Achevant une formation au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon, Emmanuelle Da Costa est une compositrice à la trajectoire déjà bien affirmée. Son catalogue comporte des pièces d’envergure pour orchestre ou choeur, des œuvres pour des formations instrumentales en formation allant du solo à la musique de chambre ainsi que de nombreuses et originales collaborations avec d’autre disciplines (littérature, arts plastiques, cinéma…)
Les études au CNSMD de Lyon doivent être stimulantes, autant par la qualité de l’enseignement reçu que par la proximité avec de nombreux artistes en devenir. Comment vous nourrissez vous de ces interactions, de ces rencontres ?
En effet, la rencontre avec des musiciens d’un excellent niveau me permet d’affiner mon langage et mon écriture instrumentale. C’est également très inspirant d’échanger avec les autres étudiants compositeurs : nous parlons du répertoire et découvrons de nouvelles partitions, en plus d’avoir une écoute extérieure. D’autre part, les professeurs participent à mon évolution et la nourrissent par leur exigence artistique, sur des paramètres tels que la cohérence structurelle, les équilibres, les dynamiques ou encore par la mise en place de projets… Enfin, la régie du CNSMD participe également à notre professionnalisation : elle me permet de de disposer d’enregistrements professionnels et de connaître davantage les codes de la scène (organisation du plateau, organisation des répétitions, éclairages…).
Vous venez d’écrire un œuvre pour le quatuor Lysis dont les membres sont aussi des étudiants du CNSMD de Lyon. Les connaissiez-vous avant d’écrire ? Et si oui, comment cela vous a t-il inspiré ?
Je connaissais certains membres du quatuor avant d’écrire, mais je n’avais pas encore eu l’opportunité de composer pour le Quatuor Lysis en tant que tel. Néanmoins, avant de commencer la composition de Ochlos, j’ai rencontré les musiciens pour parler du programme, des attentes, des envies et des contraintes de chacun. Pendant toute la période de composition, le quatuor a été extrêmement disponible pour jouer des extraits, pour me conseiller sur des sonorités (modes de jeu spécifiques) ou sur la notation instrumentale… Il est très important pour moi que les interprètes puissent s’approprier ma musique et que l’on puisse tous se reconnaître dans une interprétation finale.
Vous indiquez dans votre biographie vous nourrir des interactions avec d’autres disciplines artistiques. Quelle serait la collaboration de vos rêves ?
Même si la musique est directement associée au sens de l’ouïe, je compose avec des références au toucher et à la vue, avec des matières, des textures (douces, granuleuses, lisses…) et des couleurs. Un peu comme un tableau abstrait en mouvement ! Pour cette raison j’aimerais beaucoup collaborer avec un artiste plasticien : ensemble, avec les interprètes, nous pourrions peindre un même tableau en direct sur scène, qui associerait les objets sonores et visuels.