
Claire-Mélanie Sinnhuber
Les Visages de la création
Mystérieuse, fascinante, parfois déroutante, la création musicale est aussi un artisanat, le geste quotidien de femmes et d’hommes qui habitent le même monde que nous, qu’ils interrogent et contribuent à façonner. L’Espace Culturel de Chaillol leur donne la parole !
TROIS QUESTIONS À Claire-Mélanie, compositrice associée au duo Anna Göckel, violoniste et Daniel Mitnitsky, violoncelliste.
Après des études de flûte traversière, Claire-Mélanie Sinnhuber s’oriente vers la composition qu’elle étudie auprès de Sergio Ortega, Allain Gaussin, Ivan Fedele, Philippe Leroux et Frédéric Durieux. Sa musique, entre notes, bruits et silence est en quête de légèreté et affirme un goût pour l’espièglerie. Ouverte sur les autres arts, elle aborde tous les genres, du solo à l’orchestre, de la musique mixte à l’opéra. Elle est jouée en France comme à l’étranger par des solistes et ensembles de premier plan.
De quelle manière la relation aux interprètes nourrit-elle votre travail d’écriture ? Les avez-vous entendus ? Avez-vous travaillé spécifiquement avec eux ?
Depuis plusieurs années je propose aux interprètes de s’intégrer à mon travail d’écriture dès les premières esquisses en leur envoyant des courtes études auxquelles ils me répondent par des enregistrements, des remarques ou des questions.Ces études irriguent l’écriture par va et vient entre pensée abstraite et réalité du jeu instrumental.Elles permettent aussi de nous familiariser les uns avec les autres, eux avec mon écriture, moi avec leur jeu. Anna Göckel et Daniel Mitnitsky ont répondu très favorablement à la proposition, et j’ai eu la chance de pouvoir développer — ce qui pour moi était une première— des études de chambre.
Vous avez un catalogue d’oeuvre très riche et surtout varié : orchestre, musique de chambre, solo… Comment ces diverses expériences dialoguent-elles ?
Si chaque projet a sa propre énergie, ses propres contraintes et résolutions, il y a des obsessions sonores qui circulent de pièces en pièces, comme par exemple la question du double qui me hante depuis mon séjour au Japon en 2008, la polytemporalité depuis la Toccata pour piano de 2020 ou encore la douceur depuis mon premier quatuor à cordes en 2004, ces trois éléments se retrouvant dans cette pièce.
Est-ce que la crise sanitaire que nous traversons affecte et influence votre écriture ?
Ma musique est principalement l’expression d’un plaisir sonore, ce plaisir n’a donc pas été altéré par la crise.Mes oreilles ont même pu apprécier le son de Paris lors du premier confinement car subitement certains oiseaux pouvaient occuper l’espace sonore laissé libre par les véhicules à l’arrêt.
Cette crise en revanche affecte ma vie de musicienne comme celle tous les compositeurs, interprètes et mélomanes privés de concerts, et qui ne rêvent que d’une chose: que les salles puissent rouvrir leurs portes.
Claire-Mélanie Sinnhubert a composé « Danses Douces » pour Anna Göckel, violoniste et Daniel Mitnitsky, violoncelliste. Ces deux musiciens ont été invités en résidence en février 2021 dans le cadre d’artistes en présences #2.